Le rapport que j’ai avec mon art est plutôt simple. Pour moi c’est mon seul moyen d’expression, j’ai énormément du mal à m’en distancier. Je suis quelqu’un d’assez introverti, donc l’art me permet de m’ouvrir. Mon art c’est comme une extension de moi-même, une sorte de projection de ce que je suis, quelque chose qui permet aux gens de mieux m’appréhender.
Le rapport que j’ai avec la photo est aussi très fortement lié à mon processus créatif. C’est un processus qui se fait en majeur partie de manière solitaire, l’idée, le message, la mise en scène, les inspirations, tout cela sont des choses auxquelles je réfléchis et je sonde avec moi-même ce qui me va le mieux. Ça demande un travail d’introspection quasi constant. Ce travail est quelque chose qui me fait du bien et me permet de m’épanouir.
LOVE PROJECT
Le Love Project est comme la plupart de mes projets d’abord venu de mon expérience personnelle.
Pendant un long moment j’ai été dans une phase de dépendance affective et j’ai fait beaucoup de travail introspectif sur moi pour en “sortir” et devenir meilleure. J’avais cette réflexion sur l’amour en particulier; sur comment aimer (pas forcément de manière romantique), pour moi a cette période, c’était comme une drogue. J’étais attachée et dépendante des personnes avec qui j’entrais en relation.

Comme j’avais besoin de l’exprimer, j’ai écrit, je me suis renseignée, j’ai regardé des videos sur la dépendance affective, lu des articles, j’ai vraiment activement travaillé sur moi. D’une certaine manière ça me faisait du bien, mais d’une autre j’avais l’impression d’être malade, d’être toute seule dans ce que je vivais. Donc même si je cherchais et je faisais toutes ces recherches pour aller mieux, je le faisais aussi et surtout pour enlever le sentiment d’être bizarre, d’être déviante, d’être malade. Pour moi c’était: “J’ai une maladie, donc il faut que je guérisse.”
J’ai pu sentir dans mes recherches, mon introspection qu’il y avait aussi pas mal de frénésie, d’obsession. Mais dans tout ça je n’avais pas encore pour volonté de créer de l’art, du moins pas que je rendrai public autour de cet événement. Et puis un jour dans mes recommandations youtube apparait un livre audio (merci l’algorithme). Il s’agit de “La maîtrise de l’amour” de Don Ruiz Miguel. Le titre m’a attirée, il y avait maîtrise et amour, et quelque part c’était mon objectif, je cherchais à maîtriser ce sentiment qui faisait que je m’attachais de manière maladive aux autres.


Donc je l’ai écouté et ça m’a tout de suite frappée. Particulièrement le chapitre “L’homme qui ne croyait pas à l’amour“. Ce sont les extraits de ce chapitre que j’ai utilisé pour faire la vidéo. Quand je l’ai écouté pour la première fois j’étais surexcitée, je me suis dis “OUI C’EST CA” tant ce chapitre avait décrit au mot près ce que je ressentais, le fruit de toutes mes réflexions. Ça m’a fait beaucoup de bien.
C’est là seulement que je me suis dis qu’il serait bien de partager tout ça. Je me suis dis que si quelqu’un a écrit ce livre c’est que cette personne pensait ou a pensé comme moi. Par conséquent je ne suis pas la seule. Ça m’a même convaincue que je ne devais pas être la seule à me sentir comme ça. De là m’est venue l’envie de créer quelque chose autour.

J’utilise l’image d’un ange pour casser un peu l’image positive et bienveillante que ces créatures ont dans la pop culture. Je voulais utiliser cette imagerie bénéfique et en présenter des côtés plus “malveillants.” Ici, l’ange n’est pas un ami, ni un conseiller ou un gardien, c’est quelqu’un qui sert l’intérêt de l’amour, mais celui-ci n’a pas forcément à coeur le bien être du deuxième personnage, “L’Aimée” (beloved en anglais). Je suis allée dans le plus cliché possible, je voulais que ça soit rose à en vomir presque.
Au début ce rose peut être vu comme rassurant ou mignon, mais en fait ça devient juste trop, et l’idée est là, que ce rose tout comme l’amour on en fasse une overdose. On a toujours vu l’amour comme quelque chose de bénéfique, quelque chose qui pousse à se surpasser, de beau, de noble, mais si finalement c’était l’inverse? Tout comme une drogue tout ça serait artificiel, en étant addict on est ralenti, retenu par cette substance on est coincé.


En tout cas, c’est la vision que j’ai tenu à présenter et je pense que des gens s’y identifient. L’ambiance est très dreamy, éthérée, et même si c’est mon style habituel, ici c’est vraiment pour appuyer sur l’aspect irréel et planant de la chose.

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