
En pleine ascension depuis quelques années maintenant, l’art digital se développe et de nouvelles techniques en découlent. Mais comment révolutionne-t-il le monde de l’Art ?
L’ART NUMÉRIQUE, OU L’ART 2.0
Bien que le mot digital peut nous faire penser à l’an 2000, l’art numérique remonte un peu plus loin, plus précisément pendant les années 60. Il englobe plusieurs caractéristiques distinctes telles la réalité virtuelle, la réalité augmentée, l’art audiovisuel, l’art génératif et l’art interactif. Sans oublier l’émergence du Net-art, la présence de la photographie numérique et l’art robotique. On peut le présenter sous 4 genres :
- l’oeuvre générative créée et pilotée par un logiciel ; il contient les règles de leur développement (forme, couleurs, vitesse…) , puis applique ces règles de manière répétitive ou aléatoire ou en mixant les deux modes.
- l’oeuvre interactive permet au visiteur d’entrer en interaction avec la présentation pour la modifier ; des capteurs transmettent en temps-réel les données au logiciel de pilotage de la projection ; la qualité du résultat dépend des spécifications du logiciel, du système de projection et de son environnement, dictées par l’artiste, et de la capacité du logiciel qui peut être très complexe pour ne pas créer des répétitions simplistes.
- les oeuvres physiques comme l’impression 3D ou autre technique qui passe du digital à la réalité.
- la photo/vidéo retouchée grâce à des nouvelles techniques de collage, retouches, effets spéciaux…
QUAND L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE SE MÊLE À L’ART
Très controversée, l’intelligence artificielle se mêle petit à petit à l’Art. L’I.A a sa propre partie puisqu’elle est très critiquée et de nombreux artistes refuseraient de la considérer comme de l’art digital.
Vous avez peut-être entendu parler du collectif Obvious qui se trouve derrière la première vente aux enchères d’une oeuvre réalisée par l’Intelligence Artificielle.
Leur but : partager leur vision de l’intelligence artificielle et de son implantation dans notre société.
Appelée Portrait d’Edmond de Belamy, l’oeuvre a été vendue à 432 500 dollars chez Christie’s le 25 octobre 2018. Ce tableau fut créé à partir d’une base de donnée composée de 15,000 portraits réalisés entre le 14è et 20e siècle. L’oeuvre dépeint un homme dans un manteau sombre doté d’un col blanc et de traits du visage indéchiffrables qui se fondent dans le fond.

Les membres du collectif Obvious se voient comme des artistes conceptuels dont le but principal est de légitimer l’art produit par l’I.A.
Et c’est là qu’intervient la légitimité du mot « artiste » qui en fâche plus d’un. Peut-on considérer des codeurs comme des artistes ? Ou des tricheurs ? Le débat fait fureur dans le milieu si élitiste de l’Art. Mais est-ce qu’au contraire ce n’est pas enrichissant de s’ouvrir à une nouvelle forme d’art ? Sachant que dans tous les cas, c’est pas comme si ça allait voler la vedette aux artistes traditionnels.
LA FIÈVRE DES NFT
Avec l’art digital vient se poser une question essentielle : comment savoir si une oeuvre est authentique ? C’est là qu’entrent en jeu les NFT (Non-fungible token = jetons non fongibles en Français) qui sont en pleine expansion dans le monde de l’Art.
On peut lire sur Wikipédia : Un jeton non fongible est un type spécial de jeton cryptographique qui représente quelque chose d’unique. Les jetons non fongibles ne sont donc pas interchangeables. Cela contraste avec les crypto-monnaies comme le bitcoin et de nombreux utility token qui sont fongibles par nature. Mais comment cela fonctionne ?
Connaissez-vous le GIF Nyan Cat ? Savez-vous qu’il a été vendu pour près de 600 000 dollars ? Pourtant, il s’agit d’un GIF encore très présent sur Internet, gratuit et accessible à tou.te.s. Qu’est-ce qui fait son authenticité ? Les NFT. Servant de certificat d’authenticité, ce jeton sert de titre de propriété pour l’acheteur. C’est là que deux teams se divisent : celle qui trouve ça stupide, et celle qui investit. Assez controversée puisque très récente, cette sorte de cryptomonnaie explose dans le monde de l’art. Des artistes et des galeries utilisent les technologies à la base des cryptomonnaies pour conférer de la rareté à l’art numérique. Et le marché de l’art numérique monte en flèche.

En effet, depuis la création des plateformes de vente en 2018, les ventes explosent. En février seulement, il y a eu 91 millions d’achats d’œuvres numériques avec NFT. C’est près de trois fois plus que tout ce qui a été vendu sur ces plateformes depuis leur création.
Cependant, bien que certain.e.s se réjouissent de cet outil, d’autres s’inquiètent d’éventuelles fraudes. Après tout, un acheteur peut penser acheter une oeuvre à un artiste et tomber sur un arnaqueur qui cherche juste à se faire de l’argent.
On retrouve donc une certaine dualité entre d’un côté un art digital qui se veut démocratisé (I.A) et un art digital qui veut au contraire gagner une certaine valeur par un certificat d’authenticité. Ou alors, est-ce que les deux sont juste une nouvelle façon de monétiser l’Art ?
Écrit par Elena Gaudé.