
Bien qu’elle soit diplômée d’une école de mode, Julie Leveau quitte ce milieu pour se lancer pleinement dans le monde de l’art. Bizarre, interpellant, son style efficace lui promet une belle carrière. Interview.
DE LA MODE À L’ART
Pour commencer, comment vas-tu ?
Etonnamment ça va très bien, j’ai réussi à me lancer dans un processus créatif. J’ai l’impression que c’est un rouage et que j’ai réussi à bouger la première pièce. Au final mon bien-être est lié à ma production, si je suis satisfaite de ce que j’ai fait.
Peux-tu te présenter et présenter ton parcours ?
Je suis artiste et graphiste freelance, c’est ma petite stabilité. J’ai fait l’Atelier Chardon Savard juste après le bac, et j’espère rentrer dans une résidence d’artistes pour rencontrer du monde, avoir un petit collectif qui se soutient. C’est un peu le principe d’une asso, c’est-à-dire que t’as tous les locaux à disposition, ça dure 1, 3 ou 6 mois et faut que tu participes à l’asso au moins 10h par mois. En général il faut être présent 15h par semaine sur le site. Ça offre beaucoup de visibilité puisque des expos et autre sont organisées. Pour y rentrer il faut un dossier avec 20 oeuvres, et au final trouver 20 oeuvres dont t’es vraiment satisfait.e c’est compliqué !


Pourrais-tu décrire ton style ?
La seule chose que je peux dire c’est que ce que je recherche quand je fais quelque chose c’est d’avoir une réaction de la personne en face, qu’elle me dise “ah c’est drôle” ou “poétique” plutôt que purement esthétique. Pour mes sculptures, j’aime bien quand il y a une partie bizarre qui peut déranger ou faire rire, qui interpelle. Je préfère faire une oeuvre intéressante et interpellante pour une personne plutôt que jolie pour 10 personnes. C’est mon seul but, après je ne pourrais pas décrire mon style.
Quelles sont les techniques que tu utilises ? Qu’est-ce que tu préfères ?
Je fais de la sculpture, peinture, du dessin et dessin digital et ce que je préfère utiliser c’est les sculptures. C’est ce qui m’aide le plus à avancer et à trouver des idées donc même si en ce moment c’est ce que je promeus le moins c’est ce qui m’aide le plus dans mon processus créatif. Il y a aussi le digital que j’aime beaucoup et que j’aimerais développer dans le futur.



Comment trouves-tu l’inspiration ?
En vrai dans tout, dans les films, photographies, ce que tu peux trouver sur insta, et le truc pour garder l’inspiration c’est de produire tout le temps. J’ai besoin d’avoir 100 propositions et me dire que je vais choisir des détails de certains dessins pour les utiliser autrement.
Est-ce que le confinement t’as gêné dans ta créativité ?
Au final pas tant que ça, il y a plein de possibilités d’imagerie sur Instagram et Pinterest et en plus je me suis rendue compte dans mon processus créatif que j’ai besoin de produire beaucoup parce que tout ce que je fais va avoir une utilité. Si je fais une sculpture qui n’est pas un produit fini ça va quand même me servir pour faire un tableau. Je suis rentrée dans un circuit où une idée donne un tableau et un tableau donne une sculpture etc… Je crois que j’ai réussi à me nourrir pendant des années de plein de choses que j’utilise maintenant. Il ne faudrait pas non plus que la situation actuelle dure des années !


Comment t’imagines-tu dans 5 ans ?
Je serais indépendante, j’aurais fait mon petit nom en tant qu’artiste, je ferais plein de collaborations. Et peut être une expo ? J’aurais plein de cordes à mon arc grâce à plusieurs formations, j’aimerais faire du tatouage par exemple. J’aimerais aussi faire de la BD ou de l’illustration pour enfants, avec ma soeur on a commencé un projet sur ça. Et surtout je souhaite être dans la même dynamique que maintenant.
Un conseil pour celleux qui voudraient se lancer en freelance ?
Ne négliger aucune relation pour trouver des opportunités. Ne pas douter de soi, t’es ton propre produit donc si tu ne te sens pas légitime et que tu ne sais pas te vendre ça va être compliqué d’arriver dans les boites et te présenter. Il faut aussi assumer ses prix. On est totalement formé.e.s pour le travail qui nous est demandé, on sait ce que l’on vaut. Les conditions que tu poses au début c’est vraiment la base de toute ta carrière après !



Écrit par Elena Gaudé.