MILITANTISME ET RÉSEAUX SOCIAUX

Avant de parler du militantisme en ligne, il est important de rappeler ce qu’est le militantisme. Il s’agit d’une forme d’engagement collectif à une cause de nature morale, religieuse, sociale, politique, associative ou syndicale souvent en vue de protester contre ce qui est perçu comme une injustice. Autrefois purement physique, il propose aujourd’hui un nouveau modèle : le cybermilitantisme.

UNE NOUVELLE FORME DE MILITANTISME

En seulement quelques minutes et hashtags, on peut s’informer sur tout et n’importe quoi. Bien qu’il soit critiqué pour être soi-disant trop facile ou fainéant, le cybermilitantisme a un réel impact et est devenu une partie intégrante du militantisme du 21ème siècle. En passant par TikTok et ses vidéos de vulgarisation politique,   ou encore des organisations de manifestations sur Instagram, les plateformes sont largement utilisées dans cette optique. Selon  le journaliste et auteur Malcom Gladwell : « Le monde », nous dit-on « est en plein milieu d’une révolution. Les réseaux sociaux réinventent l’activisme social. Avec des outils comme Facebook et Twitter, la relation traditionnelle entre le politique et les citoyens serait bouleversée. Les réseaux sociaux faciliteraient la collaboration entre les petites gens, les démunis qui pourraient ainsi se coordonner pour faire entendre leur voix »

Bien que le cyberactivisme remonte à plusieurs années, on peut dire qu’il a atteint un pic en 2020, en pleine pandémie. Le fait de rester chez soi a poussé les gens à passer plus de temps sur les réseaux sociaux pour être connectés avec les autres. Et c’est comme ça que tout le monde a vu le mouvement Black Lives Matter reprendre du service en mai 2020. D’après un sondage mené sur Yubo, 78% de la GenZ américaine ont utilisé les réseaux sociaux pour apporter leur soutien aux protestations des Afro-Américains après l’assassinat de George Floyd. De plus en plus de personnes ont exprimé leur militantisme sur les réseaux sociaux, ce qui a fait prendre au cyberactivisme une plus grande ampleur.

LA TOXICITÉ DERRIÈRE LE CYBERMILITANTISME

Parce qu’on connait la toxicité des réseaux sociaux, on savait qu’il allait y avoir une ombre au tableau. Et elle s’appelle la cancel culture. Bien que l’idée originale soit plutôt bonne, elle a vite viré au cauchemar en allant beaucoup plus vite que prévu.

On peut retracer les origines de la cancel culture en 2017 au moment du scandale Harvey Weinstein. Après les différents articles qui dénonçaient les agressions qu’il avait commises, la réponse du public a été de lancer le mouvement MeToo, accompagné également de ce nouveau phénomène : la cancel culture.  Le but était donc « d’effacer » les personnalités qui étaient du même rang que Weinstein. Wikipédia nous donne la définition suivante : La cancel culture est une pratique apparue aux États-Unis consistant à dénoncer publiquement, en vue de leur ostracisation, des individus, groupes ou institutions responsables d’actes, de comportements ou de propos perçus comme inadmissibles. Une autre désignation est call-out culture.

Les médias et réseaux sociaux étaient l’outil parfait pour pratiquer cette fameuse cancel culture. De nombreuses personnes ont vite rejoint la liste des « cancelled ». Cependant, là où c’est devenu un problème, c’est qu’avec la vitesse des réseaux sociaux, la cancel culture a été amenée à cibler tout le monde pour des choses non sérieuses. On se souvient tous quand tout Twitter a voulu « cancel » Doja Cat pour des faits problématiques infondés. La chanteuse s’est faite harceler pendant plus d’une semaine et puis après avoir démontré que tout était faux, ses détraqueurs ont fait comme si de rien n’était et écoutaient ses sons de nouveau.

DU COUP, ON FAIT COMMENT ?

Personnellement, je ne suis pas contre la cancel culture, à condition de lui retirer sa toxicité. Il est important de rappeler qui doit être visé : des personnes problématiques qui ont fait ou dit des choses horribles. Comme Harvey Weinstein au début du mouvement Me Too.

Qu’on soit pour ou contre, il faut admettre que ça fait partie du militantisme actuel et qu’on ne pourra pas l’enlever de sitôt. Cependant le militantisme ne doit pas être réduit à la cancel culture. Ça reste un moyen d’éduquer les plus jeunes sur des sujets de société, d’aider les plus démunis, que ce soit en signant des pétitions, en faisant tourner des cagnottes, en ouvrant un dialogue. C’est un modèle d’activisme qui fait plus de bien que de mal. 

Écrit par Elena Gaudé.