
Raelle est une chanteuse basée dans le sud de Londres qui vient de sortir son dernier single “Grace” disponible sur toutes les plateformes de streaming. A l’occasion, elle a accepté de me parler de sa carrière musicale et de comment elle a vécu son déménagement d’une ville de la campagne à Londres.
Quand as-tu commencé à faire de la musique ?
Je crois que j’ai commencé à créer de la musique il y a 3ans, mais je n’ai rien sorti avant 2 ans. Je n’avais aucune idée de ce que je faisais, j’apprenais sur le tas.
Est-ce que tu sens que tu as trouvé ton propre son en 3 ans ?
Je pense que maintenant je connais mon propre son, j’avais une petite idée au début mais je n’étais pas sûre, maintenant j’ai trouvé qui je suis. Pour moi, c’est un peu ce qui te donne l’impression d’être chez toi, qui te complète le plus. J’ai étudié pas mal de tracks différentes, comme de la house, electro, mais ce qui selon moi fait le meilleur style de musique est la neo-soul. Ce que je fais maintenant est très orchestral.
Je viens d’une famille baignée dans la musique, j’ai 3 soeurs qui sont chanteuses, actrices et super créatives. J’ai commencé à chanter à l’église quand j’étais jeune et après j’ai été formée en tant que chanteuse classique à 10ans. Puis j’ai réalisé que je ne voulais pas faire de musique classique et je me suis lancée dans ce que j’aimais. J’écoute toujours de la musique, c’est la seule chose qui m’apporte une joie illimitée, j’adore ça et je suis vraiment heureuse de pouvoir en faire.


Que veux-tu que les gens ressentent quand ils écoutent ta musique ?
Je veux que les gens ressentent exactement ce que je ressens sur le moment, ce qui est assez dur à transmettre. Tu peux le faire avec les paroles mais je pense que la majorité des émotions vient de la composition. Tout est fait avec une intention, chaque mot est intentionnel, tout est fait pour essayer de transmettre une émotion à quelqu’un. Et parfois, une émotion est plus que ça, c’est toute une situation qu’il faut faire ressentir.
Il y a certaines choses que tu n’arrives pas à dire mais la musique fait un super taff pour le décrire. C’est la raison pour laquelle je fais de la musique. Je ne connais pas personnellement ceux qui écoutent ma musique mais on se connait en un sens, on partage cette connexion. Je pense que c’est ce qu’essayent de faire les musiciens, avoir u ne connexion avec leur audience.

A propos de quels thèmes chantes-tu ?
Alors malheureusement, beaucoup de mes chansons sont tristes, mais je ne suis pas une personne super triste. Tout le monde a vécu des moments tristes, évidemment, et je trouve donc que c’est plus facile de chanter à ce propos. Je pense que la tristesse me marque plus qu’une situation joyeuse.
Ton dernier single s’appelle “Grace”, qu’est-ce qu’il se passait dans ta tête quand tu l’as créée ?
C’était une journée calme, Gabe (le producteur) m’a envoyé les premiers beats et les premières notes de la basse. J’ai trouvé le rendu très cool et après je ne sais pas, les mots sont sortis tous seuls. C’était un peu comme un freestyle, je ne pensais pas vraiment à ce que je disais.
Pour moi, cette chanson est à propos de l’abandon, de ce sentiment d’être complètement seul et perdu. Tu tombes dans un puit de tristesse et tu n’as aucune idée de comment t’en sortir, ou si tu vas t’en sortir. Le terme “grace” est un clin d’oeil à mon passé religieux, puisque j’ai grandi dans une famille catholique et j’avais l’habitude de beaucoup prier et demander de l’aide à Dieu. Trouver la grâce est trouver une forme de Dieu en soi et se demander de se sauver.

En parlant d’abandon, j’ai vu sur ton Twitter que tu voulais rencontrer plus de personnes noires qui n’ont pas grandi en ville et qui ne semblent pas correspondre à ce qui est considéré comme l'”Anglais noir socialement acceptable”. Est-ce que tu as ressenti une forme d’abandon en déménageant à Londres à cause de ça ?
Ouais bien sûr. Je pense que j’ai grandi en me sentais très isolée et abandonnée. Je me disais qu’en venant d’une communauté noire j’étais censée trouver un chez-moi mais j’ai réalisé que je ne pouvais pas forcer les gens à agir comme je voulais qu’ils agissent avec moi.
Venant d’un petit village de campagne et arrivant dans une grande ville en tant que personne noire, j’étais d’une certaine façon une étrangère, on avait beau se ressembler physiquement, on n’avait rien en commun. Ça a été super dur pour moi de me faire ma place mais dès que j’ai trouvé mes personnes, ça a été. C’était la première chose à laquelle j’ai pensé quand je me suis installée ici. J’écris mes chansons avec un an d’écart donc “Grace” correspond à ce que je ressentais il y a un an.
Du coup selon toi, c’est quoi “l’Anglais noir socialement acceptable” ?
Alors c’est vraiment bizarre, parce que j’ai eu ce raisonnement par rapport à l’industrie musicale qui a un gros problème avec ça. Je ne pense pas que les gens de cette industrie me voient comme une musicienne noire. Il y a cette boîte invisible qu’ils ont créée et ils y mettent presque tous les gens noirs qui font de la musique. Ils ne peuvent comprendre la musique des gens noirs que dans une seule dimension. Pour eux, c’est un seul type de musique, le R&B/hip hop/drill.
Je ne sais pas si tu l’as vu sur TikTok, il y a cette artiste indie qui s’appelle Rachel Chinouriri. Elle fait de la pop et elle doit littéralement se battre juste pour être reconnue comme une artie indie pop, et ils adorent la mettre dans la catégorie R&B. Si tu ne corresponds pas à ce type de son, ils ne te regardent pas et tu dois crier pour te faire entendre. Ils ne joueront pas ta musique sauf si tu rentres dans leurs pré-conceptions de ce que tu devrais être. Et j’ai beaucoup de mal avec ça.
Il y a tellement de personnes noires existant dans la musique, on aurait ou croire qu’il y a de la place. Les gens de l’industrie musicale doivent comprendre que les gens noirs sont juste des gens avec une couleur de peau marron et qu’ils peuvent faire n’importe quel style de musique. Quand l’industrie musicale aura réglé ça, ça ira mieux.

Pour terminer l’interview sur ta musique, as-tu des futurs projets dont tu peux nous parler ?
Mon prochain single sortira cet été. Il sera beaucoup plus jazzy, avec une ambiance d’été assez fraiche. C’est tout ce que je peux dire pour l’instant !
Retrouvez Raelle sur Instagram, et sa musique sur toutes les plateformes de streaming.
by Elena Gaudé